Aménagement du territoire

Espèce : Perdrix Grise

Rédacteur : Jacques Hicter – agriculteur en Picardie

L’aire de répartition de la perdrix grise se situe au nord de l’Europe jusqu’en Norvège et les pays Baltes et au sud jusqu’à la Loire où elle cohabite avec sa cousine la perdrix rouge. Comme dans les autres pays, elle a une préférence pour les plaines céréalières, nord et centre chez nous. Quant à la perdrix grise de montagne, elle se localise dans une petite région de la chaîne des Pyrénées.

Notre grise vit dans des plaines en perpétuelle évolution et qui ne répondent plus à ses exigences de vie. Quels seraient donc les besoins en matière d’aménagement pour augmenter la capacité d’accueil d’un territoire de plaine ? Nourriture, zones de reproduction et protection contre les prédateurs.

Pour augmenter le plus possible la réussite d’un aménagement, il faut commencer par établir un partenariat avec l’agriculteur en place. Il sera assorti d’une entente financière afin de réfléchir ensemble sur la mise en place d’un parcellaire adapté, tout en ne portant pas atteinte à l’optimisation du travail agricole, bien au contraire.

aménagement territoire plaine

Axes de réflexion à travailler avec l’agriculteur

Composition du territoire

Le territoire idéal serait constitué de 50 % de céréales, et le reste en cultures de printemps comme la betterave à sucre ou la pomme de terre par exemple.

 

Optimisation de la taille des parcelles

La perdrix vit sur les bordures des champs par crainte du prédateur. De ce fait, la parcelle longue et étroite serait la parcelle idéale qui aurait pour effet d’augmenter la longueur des lisières, de minimiser la prédation d’un oiseau qui s’aventurerait loin de la bordure. Par ailleurs, on constate que cette forme de parcelle correspond bien au souhait de l’agriculteur en matière d’optimisation du temps de travail.

 

Mise en place de la bande de rupture

Elle est positionnée entre deux parcelles sur toute sa longueur. 4 à 6 mètres suffisent pour obtenir le résultat escompté. Elle est constituée de cultures pérennes, ou au pire, bisannuelles comme le mélilot, la luzerne, le dactyle, ou le chou.

 

Le tout sera planté à égale distance de plots d’arbustes ou de miscanthus ou encore de switchgrass à des fins protectrices.

Sous ces protections naturelles seront positionnés des agrainoirs pour l’hiver et jusqu’au moment de la couvaison de façon à optimiser la distance entre nids et agrainoirs des poules couveuses. Dans ces bandes intercalaires, nos oiseaux trouveront nourriture et protection et le moment venu, pour les oisillons, les insectes qui leur sont vitales pendant les trois premières semaines de leur vie.

Alternance des cultures

L’agriculteur peut y réfléchir lors de la répartition de ses futures cultures. Cela consiste à alterner culture de printemps et culture d’hiver pour que nos oiseaux trouvent dans les céréales une zone de reproduction et de l’autre côté de la bande de rupture, dans une culture de printemps, une zone de protection estivale.

Réimplantation de la haie

Elle complète le panel des aménagements. Nous conseillons les espèces locales comme l’aubépine, le prunellier, le charme, le sureau, le noisetier, l’églantier et des fruitiers. C’est un formidable abri, surtout l’hiver période ou la plaine est dénudée. De plus, pour l’agriculteur, elle joue un rôle de brise vent et de régulation des eaux de ruissellement.

Choix des produits phytosanitaires

Attention : l’idée n’est pas de demander à l’agriculteur de ne pas les employer, mais que celui-ci se renseigne auprès de son fournisseur dans le choix de matières actives qui seraient, à prix égal, aussi efficaces, mais plus respectueuses de l’environnement.

Conclusion

Au-delà de ces axes, le rôle de régulation des prédateurs est très important, car il serait dommage de pénaliser les efforts d’aménagements par un mauvais suivi de leur contrôle. La relève des pièges étant obligatoire chaque jour, il est intéressant d’équiper les cages pièges d’avertisseurs de déclenchement directement reliés par téléphone. Bien entendu, faire attention à la liste autorisée dans chaque département et en respectant les rapaces, protégés par une réglementation Européenne.

Il est clair que réaliser ce type d’aménagement n’est pas toujours faisable dans sa globalité, mais chacun peut y trouver, selon sa situation, les éléments qu’il sera possible de mettre en place en collaboration son partenaire agriculteur, que ce soit du point de vue financier, que technique.